Corsica: Mystical Tongue and Sea

Some regions of the world like to preserve an aura of mystery, and Corsica is one of those places. To many, Corsica is simply an island, but at its core lies a rugged land defined by its peaks, echoes, and layered depths.

For a long time, Corsicans turned their backs to the sea. The coast was a land of invasion, forced departures, and storms. By contrast, the interior offered safety. People lived at high elevations, in villages nestled between scrubland and mountains. Corsican culture was formed here: in the shade of chestnut groves, around the hearth fire, and in village squares that emptied in the heart of winter.  

It’s no accident that, here, words were chosen carefully, spoken sparingly, and never uttered lightly. Anything that needed to be expressed was conveyed between the lines, through a look, a gesture, or a sigh. Sparing words upheld a tradition of discretion and vigilance.

This hinterland atmosphere can still be felt today in the villages of the Castagnicca or Alta Rocca regions, where homes seem built to last.

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The Corsican language doesn’t impose itself. It travels through the crevices as a word whispered quietly, or a phrase woven into conversation. At times, it might seem to be fading or even disappearing. But in truth, it simply shifts, living on in gestures and vocal intonations.

It’s a language that morphs, varies, and adapts. The northern and southern parts of the island each have their own variation; there is no centre or standard. It’s a shifting, living language, passed down without leaving written records, its imprint visible only in the way it molds itself to voices, places, and families.

For a long time, Corsican was seen as an obstacle to advancement—a mere patois that needed to be muted. To learn French meant a chance to climb the social ladder and leave the village to “make it” elsewhere. So people stopped speaking it, to the point where they no longer even understood it. But the language held on, biding its time.

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Today, it’s resurfacing. For those relearning the language, it’s like awakening an ancient memory. It’s heard in polyphonic songs, in everyday expressions, and in the simple words that bring local reality to life: u focu (fire), a stonda (the time), u chjassu (trail), a lenza (fishing line), u stazzu (farmhouse).

Learning Corsican isn’t just about mastering a language; it’s looking back at how life used to be and experiencing it with all of one’s senses. More than a means of communication, Corsican is a space one lives in.

There’s no key to understanding Corsica and its history. Those who try to uncover its secret often come up against its reserve.

Being Corsican means carrying within oneself a language that oscillates between oblivion and rebirth. While the island does not unveil itself easily, Corsica has expanded beyond its mountainous seclusion.

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Today, Corsicans have reclaimed the sea as a place of freedom and connection. The shores, once viewed with suspicion, have been transformed into welcoming places of joy. People come to fish, swim, celebrate summer, and revel in the radiant light. Villages open their doors, patios fill, and voices swell. This momentum carries a sense of openness and generosity, embodied in the bliss of sharing the beauty of a preserved, pristine island and in the tranquil serenity of watching the sun rise over the horizon.

TEXT BY LAURINE ALBERTINI

TRANSLATED FROM FRENCH BY FATIMA RIZZO

 

Original French text

Il y a des territoires qui gardent leur noyau secret. La Corse fait partie de ces terres-là. On dit souvent que c’est une île, mais en vérité, c’est un monde dense, un monde d’altitudes, d’échos, de couches superposées.

Pendant longtemps, les Corses ont tourné le dos à la mer. Elle était l’horizon de l’invasion, du départ forcé, des tempêtes. L’intérieur, lui, était refuge. On vivait en hauteur, dans les villages, entre le maquis et la montagne. C’est là que s’est formée la culture. Dans l’ombre des châtaigneraies, sur les places désertent en plein hiver, autour du feu du foyer.

Ce n’est pas un hasard si la parole y est rare, choisie. Parler, ici, n’a jamais été un geste banal. On disait pour transmettre. Et souvent, on disait peu. Tout ce qui compte se glissait entre les mots. D’un regard, d’un geste, d’un soupir. Une économie du langage qui a façonné une manière d’être au monde, discrète, vigilante.

Ce territoire intérieur, on peut encore le sentir dans les villages de la Castagniccia ou de l’Alta Rocca, où les maisons semblent faites pour durer. Ici, rien ne s’impose. Tout se devine.

Le Corse ne s’impose pas. Il circule dans les interstices : un mot glissé à voix basse, une expression au détour d’une conversation. On pourrait croire qu’il disparaît, qu’il s’efface. En réalité, il se déplace. Il survit dans les gestes, dans les intonations.

C’est une langue qui se décline, qui varie, qui s’adapte. Le nord et le sud parlent chacun sa variante, il n’y a pas de centre, pas de norme. C’est une langue mouvante, vivante. Une langue qui a été transmise sans être écrite, et qui en porte encore les traces : elle épouse les voix, les lieux, les familles.

Pendant longtemps, elle a été regardée comme un obstacle. Un patois à faire taire. Apprendre le français, c’était grimper l’échelle sociale, c’était sortir du village pour « réussir ». Alors on a cessé de la parler, parfois même de la comprendre. Mais elle est restée là, patiente, en veille.

Aujourd’hui, elle revient. Par ceux qui la réapprennent comme on réveille une mémoire ancienne. Et surtout, par les voix qui continuent de la porter dans les chansons polyphoniques, dans les expressions du quotidien, dans les mots simples qui nomment le monde : u focu, a stonda, u chjassu, a lenza, u stazzu …

Apprendre le corse, ce n’est pas seulement apprendre une langue. C’est faire retour à une manière de regarder, d’écouter, de respirer le monde. Car le Corse, plus qu’un moyen de communication, est un espace. On ne le parle pas seulement : on y habite.

Il n’y a pas de clé pour comprendre la Corse et son histoire. Ceux qui cherchent à en percer le secret se heurtent souvent à sa réserve.

Être corse, ce n’est pas une identité figée. C’est une manière d’être en relation, à la terre, aux anciens, à la parole donnée. C’est porter en soi une langue qui oscille entre oubli et renaissance. Elle ne se montre pas facilement. Mais la Corse n’est plus seulement ce territoire replié sur ses montagnes.

Aujourd’hui, les Corses se sont réapproprié la mer, comme un espace de liberté et de partage. Les rivages qui jadis inspiraient la méfiance sont devenus des lieux d’accueil et de joie. On s’y retrouve pour pêcher, nager, célébrer l’été et sa lumière éclatante. Les villages s’ouvrent, les terrasses se remplissent, les voix résonnent plus fort. Il y a, dans cet élan, une générosité simple : le plaisir de partager la beauté d’une île préservée, la douceur d’un soir face à l’horizon.

 

PAR LAURINE ALBERTINI

 

 

 










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